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Rendez-nous les Saturnales !

Il n’y a pas de société ni de civilisation sans fête.

Ces huit derniers mois ont montré la difficulté à rester enfermé.es sans nous rassembler pour célébrer.


À grand coups d’apéros streaming à la connexion douteuse, nous avons choisi de résister, par caméras interposées. Mais il faut se l’avouer, la fête virtuelle laisse un sentiment d'inachevé, une sensation de liberté biaisée, qui pousse à méditer sur l’idée même de la fête, un rassemblement d’individus vecteur de lien social et de partage.


Pour le sociologue Emile Durkheim, la fête est l’une des composantes les plus profondes de nos sociétés. Primordiale à la vie et à la culture humaine. Il l’a définie comme un "excès permis, voire ordonné, violation solennelle d'une prohibition”. La fête serait alors une transgression collective, un oubli consenti dont le plaisir réside dans le rassemblement. Une forme de récompense, celle de pouvoir communier dans l’interdit.


Bien avant le premier siècle, les grecs, puis les romains toléraient de grands rassemblements transgressifs, à l’image des Saturnales ou des Bacchanales. Des fêtes de quatre ou cinq jours à vocation religieuse donnant lieu d’abord à de grandes représentations artistiques, puis à des orgies et des rassemblements nocturnes où tous les excès étaient tolérés. Alcools, euphorisants ou opium importé d’Asie, les fêtes d’autrefois n’avaient rien à envier à celles d’aujourd’hui. Mais déjà, leur utilité sociale était reconnue, la fête offrant aux travailleurs un moment de repos et la possibilité de se libérer par lui-même d’une vie qui ne serait que nécessité et lois implacables.

Tout au long de l’histoire il apparaît que le besoin de faire la fête est inhérent à la vie en société.


À travers l'attente d'une fin de crise, qui nous fait espérer un retour à la normale, on peut tout de même s’interroger. Pourrons-nous renouer avec cette liberté de célébrer ?


Si les rassemblements vont finir par reprendre, on peut craindre que la peur se soit emparée de notre société, reléguant notre besoin de culture et de fête au second plan.


À l’inverse, cette crise pourrait être le point de départ d’une prise de conscience collective et d’un grand mouvement qui remettrait la culture de la fête libre au premier plan.


L’histoire retient plutôt la seconde option, alors par pitié, rendez-nous les Saturnales !


DTM



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